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Mémoires

luthériens étaient nombreux. Hermann Busch écrit à Hutten qu’un prêtre, sorti du palais impérial avec deux soldats espagnols, voulut, aux portes même du palais, enlever de force quatre-vingts exemplaires de la Captivité de Babylone, mais qu’il fut bientôt obligé de se réfugier dans l’intérieur du palais. Cependant, pour le décider à prendre les armes, il lui montre les Espagnols se promenant tout fiers sur leurs mules dans les places de Worms, et la foule intimidée qui se retire.

Le biographe hostile de Luther, Cochlœus, raconte d’une manière satirique le voyage du réformateur :

« On lui prépara, dit-il, un chariot, en forme de litière bien fermée, où il était parfaitement à l’abri des injures de l’air. Autour de lui étaient de doctes personnes, le prévôt Jonas, le docteur Schurff, le théologien Amsdorf, etc. Partout où il passait il y avait un grand concours de peuple. Dans les hôtelleries, bonne chère, de joyeuses libations, même de la musique. Luther lui-même, pour attirer les yeux, jouait de la harpe comme un autre Orphée, un Orphée tondu et encapuchonné. Bien que le sauf-conduit de l’Empereur portât qu’il ne prêcherait point sur sa route, il prêcha cependant à Erfurth, le jour de la Quasimodo, et fit imprimer son sermon. » Ce portrait de Luther ne s’accorde pas trop avec celui qu’en a fait un contemporain quelque temps avant la diète de Worms.

« Martin est d’une taille moyenne les soucis et les études l’ont maigri au point que l’on pourrait compter tous les os de son corps. Cependant il est encore dans la force et la verdeur de l’âge. Sa voix est claire et