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flèches, aux canons. Toi, père, fortifie ton courage, moque-toi de ces bêtes sauvages. Je vois s’accroître chaque jour le nombre de tes partisans tu ne manqueras pas de défenseurs. Un grand nombre sont venus vers moi, disant : Plaise à Dieu qu’il ne faiblisse pas, qu’il réponde avec courage, qu’il ne se laisse abattre par aucune terreur ! » En même temps Hutten envoyait partout des lettres aux magistrats des villes, pour former une ligue entre elles et les nobles du Rhin, c’est-à-dire pour les armer contre les princes ecclésiastiques. Il écrivait à Pirkeimer, l’un des principaux magistrats de Nuremberg :

« Excite le courage des tiens j’ai quelque espérance que vous trouverez des partisans dans les villes qu’anime l’amour de la liberté. Franz de Sickingen est pour nous ; il brûle de zèle. Il s’est pénétré de Luther. Je lui fais lire à table ses opuscules. Il a juré de ne point manquer à la cause de la liberté ; et ce qu’il a dit, il le fera. Prêche pour lui près de tes concitoyens. Il n’y a point d’âme plus grande en Allemagne. »

Jusque dans l’assemblée de Worms il y avait des partisans de Luther. « Quelqu’un, en pleine diète, a montré un écrit portant que quatre cents nobles ont juré de le défendre ; et il a ajouté Buntschuh. Buntschuh (c’était, comme on verra, le mot de ralliement des paysans insurgés). Les catholiques n’étaient même pas très sûrs de l’Empereur. Hutten écrit, durant la diète : « César, dit-on, a résolu de prendre le parti du page. » Dans la ville, parmi le peuple, les