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prêter main-forte à l’Électeur de Saxe, en cas qu’il vint en péril pour la cause de la réforme. Taubenheim et d’autres envoyaient de l’argent à Luther. « J’ai reçu cent pièces d’or que m’envoie Taubenheim ; Schart m’en a aussi donné cinquante, et je commence à craindre que Dieu ne me paie ici-bas ; mais j’ai protesté que je ne voulais pas être ainsi gorgé, ou que j’allais tout rendre. » Le margrave de Brandebourg avait sollicité la faveur de le voir ; Sickingen et Hutten lui promettaient leur appui envers et contre tous. « Hutten, dit-il, en septembre 1520, m’a adressé une lettre brûlante de colère contre le pontife romain ; il écrit qu’il va tomber de la plume et de l’épée sur la tyrannie sacerdotale ; il est outré de ce que le pape a essayé contre lui le poignard et le poison, et a mandé à l’évéque de Mayence de le lui envoyer à Rome, pieds et poings liés. » « Tu vois, dit-il encore, ce que demande Hutten ; mais je ne voudrais pas qu’on fît servir à la cause de l’Évangile la violence et le meurtre. Je lui ai écrit dans ce sens. »

Cependant l’Empereur venait de sommer Luther de comparaître à Worms devant la diète impériale les deux partis allaient se trouver en présence, amis et ennemis.

Plût à Dieu, disait Hutten, que je pusse assister à la diète ; je mettrais les choses en mouvement, j’exciterais bien vite quelque tumulte. » Le 20 avril, il écrit à Luther : « Quelles atrocités ai-je apprises ! Il n’y a point de furie comparable à la fureur de ces gens. Il faut en venir, je le vois, aux glaives, aux arcs, aux