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execratus, devotus). Il répondit durement à Miltitz, et l’avertit qu’un de ses envoyés avait inspiré de tels soupçons à Wittemberg, qu’on avait failli le faire sauter dans l’Elbe. « Si, comme vous le dites, vous êtes obligé par mon refus de venir vous-même, Dieu vous accorde un heureux voyage. Moi, je suis fort occupé ; je n’ai ni le temps ni l’argent nécessaires pour me promener ainsi. Adieu, homme excellent. » (17 mai.)

A l’arrivée de Miltitz en Allemagne, Luther avait dit qu’il se tairait, pourvu que ses adversaires se tussent aussi. Ils le dégagèrent de sa parole. Le docteur Eck le défia solennellement de venir disputer avec lui à Leipsick. Les Facultés de Paris, de Louvain, de Cologne, condamnèrent ses propositions.

Pour se rendre décemment à Leipsick, Luther fut obligé de demander une robe au parcimonieux Électeur, qui, depuis deux ou trois ans, avait oublié de l’habiller. La lettre est curieuse :

« Je prie Votre Grâce Électorale de vouloir bien m’acheter une chape blanche et une chape noire. La blanche, je la demande humblement. Pour la noire, Votre Altesse me la doit ; car il y a deux ou trois ans qu’elle me l’a promise, et Pfeffinger délie si difficilement les cordons de sa bourse, que j’ai été obligé de m’en procurer une moi-même. Je prie humblement Votre Altesse, qui a pensé que le Psautier méritait une chape noire, de vouloir bien ne pas juger le Saint Paul indigne d’une chape blanche. »

Luther était alors si complètement rassuré, que non