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Luther avait dès lors pris son parti. Déjà un mois ou deux auparavant il avait écrit « Le pape n’a pas voulu souffrir un juge, et moi je n’ai pas voulu du jugement du pape. Il sera donc le texte, et moi la glose. » Ailleurs, il dit à Spalatin (13 mars) : « Je suis en travail pour l’épître de saint Paul aux Galates. J’ai en pensée un sermon sur la Passion ; outre mes leçons ordinaires, j’enseigne le soir les petits enfants, et je leur explique l’oraison dominicale. Cependant, je retourne les Décrétales pour ma nouvelle dispute, et j’y trouve Christ tellement altéré et crucifié, que je ne sais trop (je vous le dis à l’oreille) si le pape n’est pas l’Anti-Christ lui-même, ou l’apôtre de l’Anti-Christ. »

Quels que fussent les progrès de Luther dans la violence, le pape avait désormais peu de chance d’arracher à un prince puissant, à qui la plupart des Électeurs déféraient l’empire, son théologien favori. Miltitz changea de ton. Il déclara que le pape voudrait bien encore se contenter d’une rétractation. Il vit familièrement Luther. Il le flatta, il lui avoua qu’il avait enlevé le monde à soi, et l’avait soustrait au pape. Il assurait que dans sa route il avait à peine trouvé, sur cinq hommes, deux ou trois partisans de la papauté. Il voulait lui persuader d’aller s’expliquer devant l’archevêque de Trèves. Il ne justifiait pas autrement qu’il fût autorisé à faire cette proposition ni par le pape, ni par l’archevêque. Le conseil était suspect. Luther savait qu’il avait été brûlé en effigie à Rome (papyraceus Martinus in compo Floræ publice combustus,