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j’aille, je conserverai une éternelle reconnaissance de vos bienfaits. » (19 ’novembre.) La Saxe pouvait en effet lui paraître alors une retraite peu sûre. Le pape cherchait à gagner l’Électeur. Charles de Miltitz fut chargé de lui offrir la Rose d’or, haute distinction que la cour de Rome n’accordait guère qu’à des rois, comme récompense de leur piété filiale envers l’Église. C’était pour l’Électeur une épreuve difficile. Il fallait s’expliquer nettement, et peut-être attirer sur soi un grand péril. Cette hésitation de l’Électeur paraît dans une lettre de Luther. « Le prince m’a tout à fait détourné de publier les Actes de la conférence d’Augsbourg, puis il me l’a permis, et on les imprime... Dans son inquiétude pour moi, il aimerait mieux que je fusse partout ailleurs. Il m’a fait venir à Lichtenberg, où j’ai conféré longtemps avec Spalatin sur ce sujet. Si les censures viennent, ai-je dit, je ne resterai point. Il m’a pourtant dit de ne pas tant me hâter de partir pour la France. »

Ceci était écrit le 13 décembre. Le 20, Luther était rassuré. L’Électeur avait répondu, avec une froideur toute diplomatique, qu’il se reconnaissait pour fils très obéissant de la très sainte mère Église, qu’il professait un grand respect pour la sainteté pontificale, mais demandait qu’on fit examiner l’affaire par des juges non suspects. C’était un moyen de la faire traîner en longueur ; pendant ce temps il pouvait survenir un incident qui diminuerait, qui ajournerait le danger. C’était tout de gagner du temps. En effet, au mois de janvier 1519, l’Empereur mourut, l’interrègne commença,