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écrit, et je l’ai fait en présence du seigneur de Feilitsch, représentant de l’Électeur. Alors le légat n’a plus voulu de ce que j’avais écrit il s’est remis à crier rétractation. Il est allé chercher je ne sais quel long discours dans les romans de saint Thomas, croyant alors m’avoir vaincu et réduit au silence. Dix fois je voulus parler, autant de fois il m’arrêtait, il tonnait, il régnait tyranniquement dans la dispute.

« Je me mis enfin à crier à mon tour Si vous pouvez me montrer que votre décret de Clément VI dit expressément que les mérites du Christ sont le Trésor des indulgences, je me rétracte. — Dieu sait alors comme ils ont tous éclaté de rire. Lui il a arraché le livre et l’a feuilleté hors d’haleine ( fervens et anhelans) jusqu’à l’endroit où il est écrit, que Christ par sa Passion a acquis les trésors, etc. Je l’arrêtai sur ce mot a acquis... — Après le dîner, il fit venir le révérend père Staupitz, et par ses caresses l’engagea de m’amener à une rétractation, ajoutant que je trouverais difficilement quelqu’un qui me voulût plus de bien que lui-même. »

Les disputants suivaient une méthode différente ; la conciliation était impossible. Les amis de Luther craignaient un guet-apens de la part des Italiens. Il quitta Augsbourg en laissant un appel au pape mieux informé, et il adressa une longue Relation de la conférence à l’Électeur. Nous y apprenons que, dans la discussion, il avait appuyé ses opinions relatives à l’autorité du pape sur le concile de Bâle, sur l’université de Paris et sur Gerson. Il prie