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point aller avec les Italiens, de ne faire aucune société avec eux, de ne point me fier à eux, car je ne savais pas, disaient-ils, ce que c’était qu’un Welche. Pendant trois jours entiers, je fus à Augsbourg sans saufconduit de l’Empereur. Dans cet intervalle, un Italien venait souvent m’inviter à aller chez le cardinal. Il insistait sans se décourager. Tu dois te rétracter, disait-il ; tu n’as qu’un mot à dire : revoco. Le cardinal te recommandera au pape, et tu retourneras avec honneur auprès de ton prince. »

Il lui citait, entre autres exemples, celui du fameux Joachim de Flores, qui, s’étant soumis, n’avait pas été hérétique, quoiqu’il eût avancé des propositions hérétiques.

« Au bout de trois jours, arriva l’évéque de Trente, qui montra au cardinal le sauf-conduit de l’Empereur. Alors j’allai le trouver en toute humilité. Je tombai d’abord à genoux, puis je m’abaissai jusqu’à terre et je restai à ses pieds. Je ne me relevai que quand il me l’eût ordonné trois fois. Cela lui plut fort, et il espéra que je prendrais une meilleure pensée.

« Lorsque je revins le lendemain et que je refusai absolument de rien rétracter, il me dit Penses-tu que le pape s’embarrasse beaucoup de l’Allemagne ? Crois-tu que les princes te défendront avec des armes et des gens de guerre ? Oh ! non ! Où veux-tu rester ?... — Sous le Ciel, répondis-je.

« Plus tard le pape baissa le ton et écrivit à l’Église, même à maître Spalatin, et à Pfeffinger, afin qu’ils me