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qu’on doit attribuer les soins inquiets de ces magistrats, pour le préserver des embûches que pouvaient lui dresser les Italiens. Pour lui, il allait droit devant lui dans son courage et sa simplicité, sans bien savoir ce que le prince ferait ou ne ferait pas, en sa faveur (2 sept.).

« Je l’ai dit, et je le répète, je ne veux pas que dans cette affaire notre Prince, qui est innocent de tout cela, fasse la moindre chose pour défendre mes propositions... Qu’il tienne la main à ce que je ne sois exposé a aucune violence, s’il peut le faire sans compromettre ses intérêts. S’il ne le peut, j’accepte mon péril tout entier. »

Le légat, Caietano de Vio, était certainement un juge peu suspect. Il avait écrit lui-même qu’il était permis d’interpréter l’Écriture sans suivre le torrent des Pères (contra torrentem SS. Patrum.) Ces hardiesses l’avaient rendu quelque peu suspect d’hérésie. Homme du pape dans cette affaire que le pape le chargeait d’arranger, il prit la chose en politique, n’attaqua dans la doctrine de Luther que ce qui ébranlait la domination politique et fiscale de la cour de Rome. Il s’en tint à la question pratique du Trésor des indulgences, sans remonter au principe spéculatif de la grâce.

« Lorsque je fus cité à Augsbourg, j’y vins et comparus, mais avec une forte garde et sous la garantie de l’Électeur de Saxe, Frédéric, qui m’avait adressé à ceux d’Augsbourg et m’avait recommandé à eux. Ils eurent grande attention à moi, et m’avertirent de ne