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moi et Carlostadt, et cela sans en avoir été prié. Il ne souffrira pas qu’ils me traînent à Rome. Ils le savent, et c’est leur chagrin.  » Ceci ferait croire qu’alors Luther avait reçu de l’Électeur des assurances positives. Cependant, le 21 août 1518, dans une lettre plus confidentielle à Spalatin, il dit Je ne vois pas encore comment éviter les censures dont je suis menacé, si le Prince ne vient à mon secours. Et pourtant, j’aimerais mieux toutes les censures du monde plutôt que de voir Son Altesse blâmée à cause de moi... Voici ce qui a paru le mieux à nos doctes et prudents amis, c’est que je demande au Prince un sauf-conduit (salvum, ut vocant, conductum per suum dominium). Il me le refusera, j’en suis sûr, et j’aurai, disent-ils, une bonne excuse pour ne pas comparaître à Rome. Veuillez donc faire en sorte d’obtenir de notre très illustre Prince un rescrit portant qu’il me refuse le sauf-conduit, et m’abandonne, si je me mets en route, à mes risques et périls. En cela vous me rendrez un important service. Mais il faut que la chose se fasse promptement ; le temps presse, le jour fixé approche. »

Luther eût pu s’épargner cette lettre. Le prince, sans l’en avertir, le protégeait activement. Il avait obtenu que Luther serait examiné par un légat en Allemagne, dans la ville libre d’Augsbourg ; et à ce moment il était de sa personne à Augsbourg, où sans doute il s’entendait avec les magistrats pour garantir la sûrete de Luther dans cette dangereuse entrevue. C’est sans doute à cette providence invisible de Luther