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Jean : Sans moi vous ne pouvez rien. Il se servait de cette parole pour combattre la doctrine du libre arbitre, avant même qu’Érasme de Rotterdam eût osé soutenir dans plusieurs écrits contre la parole de Dieu cette misérable liberté. Il me disait souvent Comment pouvons-nous avoir le libre arbitre, puisque Christ lui-même a dit Sans moi vous ne pouvez rien, Sine me nihil potestis facere. »

Toutefois on se tromperait si l’on croyait, d’après ceci, que Staupitz et son disciple ne furent que l’instrument de l’Électeur. La Réforme de Luther fut évidemment spontanée. Le prince, comme nous le verrons ailleurs, s’effraya plutôt de l’audace de Luther. Il aima, il embrassa la Réforme, il en profita ; jamais il ne l’eût commencée.

Luther écrit le 15 février 1518 à son prudent ami, Spalatin, le chapelain, le secrétaire et le confident de l’Électeur : « Voilà ces criailleurs qui vont disant, à mon grand chagrin, que tout ceci est l’ouvrage de notre très illustre Prince ; à les en croire, c’est lui qui me pousserait pour faire dépit à l’archevêque de Magdebourg et de Mayence. Examinez, je vous prie, s’il est à propos d’en avertir le Prince. Je suis vraiment désolé de voir Son Altesse soupçonnée à cause de moi. Devenir une cause de discorde entre de si grands princes, il y a de quoi trembler et frémir. » Il tient le même langage à l’Électeur lui-même dans sa relation de la conférence d’Augsbourg (novembre.)

21 mars, à J. Lange (depuis archevêque de Saltzbourg) : « Notre Prince nous a pris sous sa protection,