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se doutait bien aussi que l’Électeur ne lui savait pas mauvais gré d’un éclat qui faisait tort à l’archevêque de Mayence et Magdebourg, prince issu de la maison de Brandebourg, et par conséquent ennemi de celle de Saxe. Enfin, et c’était un puissant motif de se rassurer, l’Électeur avait annoncé qu’il ne connaissait de règle de foi que les propres paroles de l’Écriture. Luther le lui rappelle dans le passage suivant (27 mars 1519) : « Le docteur J. Staupitz, mon véritable père en Christ, m’a rapporté que causant un jour avec Votre Altesse électorale sur ces prédicateurs qui, au lieu d’annoncer la pure parole de Dieu, ne prêchent au peuple que de misérables arguties ou des traditions humaines, vous lui dîtes que la Sainte-Écriture parle avec une telle majesté et une si complète évidence, qu’elle n’a pas besoin de tous ces instruments de disputes, et qu’elle force de dire : « Jamais homme n’a ainsi parlé là est le doigt de Dieu. Celui-ci n’enseigne point comme les scribes et les pharisiens, mais comme ayant la toute-puissance. » Staupitz approuvant ces paroles, vous lui dîtes : « Donnez-moi donc la main, et promettez-moi, je vous prie, qu’à l’avenir vous suivrez cette nouvelle doctrine. » La continuation naturelle de ce passage se trouve dans une vie manuscrite de l’Électeur, par Spalatin. « Avec quel plaisir il écoutait les prédications, et lisait la parole de Dieu, surtout les évangélistes dont il avait sans cesse à la bouche de belles et consolantes sentences ! Mais celle qu’il répétait sans cesse, c’était cette parole de Christ dans saint