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de comparaître à Rome dans soixante jours. L’empereur Maximilien avait inutilement demandé qu’on ne précipitât pas les choses, promettant de faire tout ce que le pape ordonnerait au sujet de Luther. Mais à Rome on n’était pas sans quelque méfiance sur le zèle de Maximilien. Il arrivait de lui certains mots qui sonnaient mal aux oreilles du pape : « Ce que fait votre moine n’est pas à mépriser, avait dit l’Empereur à Pfeffinger, conseiller de l’Électeur de Saxe ; le jeu va commencer avec les prêtres. Prenez soin de lui, il pourrait arriver que nous en eussions besoin. » Plus d’une fois il s’était plaint amèrement des prêtres et des clercs. « Ce pape, disait-il en parlant de Léon X, s’est conduit avec moi comme un misérable. Je puis dire que je n’ai trouvé dans aucun pape ni sincérité ni bonne foi ; mais j’espère bien, s’il plaît à Dieu, que celui-ci sera le dernier. » Ces paroles étaient menaçantes. L’on se rappelait d’ailleurs que Maximilien, pour réconcilier définitivement l’Empire et le Saint-Siège, avait songé à se faire pape lui-même. Aussi Léon X se garda bien de lui remettre la décision de cette querelle, qui prenait chaque jour une nouvelle importance.

Luther n’avait d’espérance que dans la protection de l’Électeur. Ce prince, soit par intérêt pour sa nouvelle université, soit par goût pour la personne de Luther, l’avait toujours protégé spécialement. Il avait voulu faire les frais de son doctorat. En 1517, Luther le remercie dans une lettre de lui avoir envoyé, à l’entrée de l’hiver du drap pour lui faire une robe. Il