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par l’amour de la Justice et de Dieu ; et que ce qu’ils donnent pour la fin de la pénitence en doit être plutôt le principe. — Cette parole de vous resta en moi comme la flèche aiguë du chasseur. J’osai engager la lutte avec les Écritures qui enseignent la pénitence ; joûte pleine de charme, où les paroles saintes jaillissaient de toutes parts et voltigeaient autour de moi en saluant et applaudissant cette sentence. Autrefois il n’y avait rien de plus amer pour moi dans toute l’Écriture que ce mot de pénitence, bien que je fisse mes efforts pour dissimuler devant Dieu, et exprimer un amour de commande. Aujourd’hui rien comme ce mot ne sonne délicieusement à mon oreille. Tant les préceptes de Dieu deviennent suaves et doux, lorsqu’on apprend à les lire, non dans les livres seulement, mais dans les blessures mêmes du doux Sauveur ! »

Ces deux lettres du 30 mai 1518 sont datées d’Heidelberg, où les Augustins tenaient alors un synode provincial, et où Luther s’était rendu pour soutenir ses doctrines et combattre à tout venant. Cette fameuse université à deux pas du Rhin, et par conséquent sur la route la plus fréquentée de l’Allemagne, était certainement le théâtre le plus éclatant où l’on pût présenter la nouvelle doctrine.

Rome commençait à s’émouvoir. Le maître du sacré palais, le vieux dominicain Sylvestre de Prierio, écrivit contre le moine augustin en faveur de la doctrine de saint Thomas, et s’attira une foudroyante réponse (fin d’août 1518). Luther reçut immédiatement l’ordre