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Pragmatiques, rétablirent tout doucement leur domination en Europe et fondèrent une grande souveraineté en Italie.

Jules II conquit pour l’Église ; Léon X pour sa famille. Ce jeune pape, mondain, homme de lettres, homme de plaisir et d’affaires, comme les autres Médicis, avait les passions de son âge, et celles des vieux papes, et celles de son temps. Il voulait faire rois les Médicis. Lui-même jouait le rôle du premier roi de la chrétienté. Indépendamment de cette coûteuse diplomatie qui s’étendait à tous les États de l’Europe, il entretenait de lointaines relations scientifiques. Il s’informait du Nord même et faisait recueillir jusqu’aux monuments de l’histoire scandinave. A Rome, il bâtissait Saint-Pierre, dont Jules II lui avait légué la construction. L’héroïque Jules II n’avait pas calculé ses ressources. Quand Michel-Ange apportait un tel plan, qui pouvait marchander ? Il avait dit, comme on sait, du Panthéon : Je mettrai ce temple à trois cents pieds dans les airs. Le pauvre État romain n’était pas de force à lutter contre le génie magnifique de ces artistes, dont l’ancien Empire, maître du monde, aurait à peine été capable de réaliser les conceptions.

Léon X avait commencé son pontificat par vendre à François Ier ce qui n’était pas à lui, les droits de l’Église de France. Plus tard, il avait fait pour finance trente cardinaux en une fois. C’étaient là de petites ressources. Il n’avait pas, lui, les mines du Mexique. Ses mines, c’étaient la vieille foi des peuples, leur crédule débonnaireté. Il en avait donné l’exploitation en Allemagne