Page:Michelet - OC, Mémoires de Luther.djvu/15

Cette page n’a pas encore été corrigée

prenaient à l’imitation des armoiries des nobles, étaient tout simplement un marteau. Luther ne rougit point de ses parents. Il a consacré leur nom dans sa formule de bénédiction nuptiale : « Hans, veux-tu prendre Grethe (Jean, Marguerite) ? »

« C’est pour moi un devoir de piété, dit-il à Mélanchton, dans la lettre où il lui annonce la mort de Jean Luther, de pleurer celui duquel le Père de miséricorde m’a fait naître, celui par les travaux et les sueurs duquel Dieu m’a nourri et m’a formé tel que je suis, quelque peu que je sois. Certes, je me réjouis qu’il ait vécu jusqu’aujourd’hui pour voir la lumière de la vérité. Béni soit Dieu pour l’éternité dans tous ses conseils et ses décrets ! amen ! »

Martin Luther ou Luder, ou Lother (car il signe quelquefois ainsi), naquit à Eisleben, le 10 novembre 1483, à onze heures du soir. Envoyé de bonne heure à l’école d’Eisenach (1489), il chantait devant les maisons pour gagner son pain, comme faisaient alors beaucoup de pauvres étudiants en Allemagne. C’est de lui que nous tenons cette particularité. « Que personne ne s’avise de mépriser devant moi les pauvres compagnons qui vont chantant et disant de porte en porte : panem propter Deum ! vous savez comme dit le psaume : les princes et les rois ont chanté. Et moi aussi, j’ai été un pauvre mendiant, j’ai reçu du pain aux portes des maisons, particulièrement à Eisenach, dans ma chère ville ! »

Il trouva enfin une subsistance plus assurée et un asile dans la maison de la dame Ursula, femme ou