Page:Michelet - OC, Mémoires de Luther.djvu/12

Cette page n’a pas encore été corrigée


Pourquoi donc ajourner encore ceci ? pourquoi commencer tant de choses et s’arrêter toujours en chemin ? Si l’on tient à le savoir, je le dirai volontiers.

A moitié de l’histoire Romaine, j’ai rencontré le christianisme naissant. A moitié de l’histoire de France je l’ai rencontré vieillissant et affaissé ; ici, je le retrouve encore. Quelque part que j’aille, il est devant moi, il barre ma route et m’empêche de passer.

Toucher au chiristianisme ! ceux-là seuls n’hésiteraient point qui ne le connaissent pas..... Pour moi, je me rappelle les nuits où je veillais une mère malade ; elle souffrait d’être immobile, elle demandait qu’on l’aidât à changer de place, et voulait se retourner. Les mains filiales hésitaient ; comment remuer ses membres endoloris ?...

Voilà bien des années que ces idées me travaillent. Elles font toujours dans cette saison d’orages le trouble, la rêverie de ma solitude. Cette conversation intérieure qui devrait améliorer, elle m’est douce au moins, je ne suis pas pressé de la finir, ni de me séparer encore de ces vieilles et chères pensées.

Août 1835.