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SOCIÉTÉS DE FEMMES

Les sociétés de femmes, tout à fait changées en 93, influent alors puissamment. Celle des Femmes révolutionnaires a alors pour chef et meneur, Rose Lacombe, une fille éloquente, hardie, qui, la nuit du 31 mai, dans la réunion générale de l’Évêché où fut décidée la perte des Girondins, prit la plus violente initiative et dépassa de beaucoup la fureur des hommes. Elle avait alors pour amant le jeune Lyonnais Leclerc, disciple, je crois, de Chalier, et intimement lié avec Jacques Roux, le tribun de la rue Saint-Martin, dont les prédications répandaient quelques idées communistes. Leclerc, Roux et d’autres, après la mort de Marat, firent un journal d’une tendance très peu maratiste : Ombre de Marat.

Ces hardis novateurs, violemment haïs de Robespierre et des jacobins, rendirent ceux-ci hostiles aux sociétés de femmes, où leurs nouveautés étaient bien reçues.

D’autre part, les poissardes ou dames de la Halle, royalistes en grande partie et toutes fort irritées de la diminution de leur commerce, en voulaient aux sociétés de femmes, que, très injustement, elles en rendaient responsables. Plus fortes et mieux nourries que ces femmes (pauvres ouvrières), elles les battaient souvent. Mainte fois, elles envahirent une de ces sociétés sous les charniers Saint-Eustache et la mirent en fuite à force de coups.

D’autre part, les républicaines trouvaient mauvais que les poissardes négligeassent de porter la cocarde nationale, que tout le monde portait, conformément à la loi. En octobre 93, époque de la mort des Girondins, habillées en hommes et armées, elles se pro-