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LIVRE II



VIII

LES SALONS. — Mme DE STAËL


Le génie de Mme Staël a été successivement dominé par deux maîtres et deux idées jusqu’en 89 par Rousseau, et, depuis, par Montesquieu.

Elle avait vingt-trois ans en 89. Elle exerçait sur Necker, son père, qu’elle aimait éperdument et qu’elle gouvernait par l’enthousiasme, une toute-puissante action. Jamais, sans son ardente fille, le banquier genevois ne se fût avancé si loin dans la voie révolutionnaire. Elle était alors pleine d’élan, de confiance ; elle croyait fermement au bon sens du genre humain. Elle n’était pas encore influencée, amoindrie, par les amants médiocres qui depuis l’ont entourée. Mme de Staël fut toujours gouvernée par l’amour. Celui qu’elle avait pour son père exigeait que Necker fût le premier des hommes ; et, en réalité, un moment, il s’éleva très haut par la foi.