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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

taines splendeurs de l’avenir, s’est arrêté sur un seuil sanglant !… »

Dans la pièce suivante, d’adieu, d’amour, mais d’un amour mélancolique plus qu’ardent et passionné, il fait offrande à une femme aimée (absente alors) de ses dernières pensées, de ses regrets, de ses doutes même. La mélodie, malheureusement, est tout le charme de cette dernière pièce. Touchante plus qu’on ne peut dire, molle et vague, tout en rapport avec une pensée qui va tarissant. On y sent le triste sourire du blessé ; dont l’œil, déjà pâli, errant, voit son sang s’écouler. À la fin, l’idée n’est plus rien, la mélodie s’éteint, et l’âme aussi sans doute… Un grand silence se fait. Ami, où êtes-vous ?

Si quelque chose avait pu ramenée Mameli à la vie, c’était l’héroïsme inouï de Rome à ses derniers moments. Toute la terre en est restée muette. Dix jours de suite, une misérable maison, le Vascello, un poste de cent hommes, sous le jeune Medici, a tenu contre une armée, contre une artillerie terrible tirant à bout portant. Et, la maison démolie, ils ont tenu encore. Garibaldi a été forcé d’arracher de ce lieu le peu d’hommes qui restaient.

L’ennemi entra le 4 juillet. Mameli expira le 6.

Il avait attendu, pour mourir, la mort de Rome elle-même.