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LES FEMMES DU 6 OCTOBRE (89)

pleine boue. De moment en moment plusieurs, en réjouissance, ou pour décharger leurs armes, tiraient des coups de fusil.

La voiture royale, escortée, La Fayette à la portière, avançait comme un cercueil. La reine était inquiète. Était-il sûr qu’elle arrivât ? Elle demanda à La Fayette ce qu’il en pensait, et lui-même le demanda à Moreau de Saint-Méry, qui, ayant présidé l’Hôtel de Ville aux fameux jours de la Bastille, connaissait bien le terrain. Il répondit ces mots significatifs : « Je doute que la reine arrive seule aux Tuileries ; mais, une fois à l’Hôtel de Ville, elle en reviendra. »

Voilà le roi à Paris, au seul lieu où il devait être ; au cœur même de la France. Espérons qu’il en sera digne.

La révolution du 6 octobre, nécessaire, naturelle et légitime, s’il en fut jamais, toute spontanée, imprévue, vraiment populaire, appartient surtout aux femmes, comme celle du 14 juillet aux hommes. Les hommes ont pris la Bastille, et les femmes ont pris le roi.

Le 1er  octobre, tout fut gâté par les dames de Versailles. Le 6, tout fut réparé par les femmes de Paris.