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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

tombeau, d’un peuple frère, si bon, si, aimable !

Quel ferment pour l’enthousiasme de notre jeune, marine, haletante de savoir qu’il y a sur l’autre rivage une autre France qui l’attend ! une France demi-barbare, mais émue ; dans l’impatience et le transport de cette grande joie fraternelle Les nôtres, frères de ceux qui firent les fédérations de 90, qui continuèrent sur le Rhin les fédérations militaires des armées, s’imaginaient commencer par l’Irlande les fédérations maritimes, et toutes celles du genre humain.

Pendant que Bonaparte et Masséna franchissent les neiges, Hoche affronte les tempêtes de l’Océan (15 décembre). La flotte de Brest n’est pas prête, « il partira seul » (3 novembre 96). Le Directoire refuse la permission. On lui crée obstacles sur obstacles on n’avait pas assez de voiles « Bientôt, dit, Hoche, on nous assurera qu’il n’y a pas d’eau dans la mer ! »

Hoche perd ainsi un mois précieux. Découragé, il offre de conduire n’importe où les treize mille hommes réservés à l’expédition. C’était une manière de se rappeler, de se faire donner, enfin, l’ordre de partir ; le Directoire, au contraire, le prend au mot, le félicite d’avoir renoncé.

La flotte fit voile enfin pour l’Irlande, mais au moins deux jours trop tard. On ne put partir que le 16, par une nuit obscure qui ne permettait pas de se voir en mer, de s’éviter ; quatre navires se heurtèrent il fallut attendre au lendemain pour se remettre en route. Dans la nuit du 17, nouveau sinistre le Séduisant, au passage du raz, s’abîme