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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

au contraire qu’il pût se concentrer pour repousser le débarquement imminent.

Où, et quand, et comment ce débarquement doit-il se faire ? On ne peut le prévoir. Hoche est en pleine nuit. Tout est si sûr pour l’ennemi, et si discret du côté des chouans que, pour enlever de la poudre, ils font une course de trente lieues. Cette grande attente dura un mois (du 26 mai au 26 juin).

L’homme de ruse et de calcul, Puisaye, avait obtenu de Pitt l’expédition en promettant qu’il soulèverait la Bretagne, entraînerait la Vendée.

Mais il était difficile d’entraîner le pays dans un même élan. La longueur de la guerre avait fait de chaque armée, de chaque chef, comme une puissance féodale. Et toutes ces puissances dissonantes au plus haut degré. L’armée d’Anjou, du centre, sous le prêtre Dernier, sous Stofflet, le garde-chasse, gouvernée par les prêtres, était clérico-païenne. À gauche, Charette et ses bandes à cheval, allant, venant, virant par les routes embrouillées du Marais vendéen, avec ses amazones galantes (et très cruelles), sa dame Montsorbier était l’ennemi des prêtres, peu aimés de l’émigré. À droite de la Loire et jusqu’à la Vilaine, au château de Bourmont, Scépeaux avait dans sa bande force nobles, plusieurs émigrés, peu sympathiques aussi aux prêtres. Puisaye, qui tout à l’heure quittera l’Angleterre, était fort vers Fougères et vers Rennes. En Normandie, Frotté. Au Morbihan commençait la féroce démocratie du meunier Cadoudal.