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LES FEMMES DU 6 OCTOBRE (89)

elles qu’il avait péri. Il sortit, et se montra un moment.

Maillard, reprenant alors, pria l’Assemblée d’inviter les gardes du corps à faire réparation pour l’injure à la cocarde. — Des députés démentaient… Maillard insista en termes peu mesurés. — Le président Mounier le rappela au respect de l’Assemblée, ajoutant maladroitement que ceux qui voulaient être citoyens pouvaient l’être de leur plein gré… C’était donner prise à Maillard ; il s’en saisit, répliqua : « Il n’est personne qui ne doive être fier de ce nom de citoyen. Et, s’il était, dans cette auguste Assemblée, quelqu’un qui s’en fît déshonneur, il devrait en être exclu. » L’assemblée frémit, applaudit : « Oui, nous sommes tous citoyens. »

À l’instant on apportait une cocarde aux trois couleurs, de la part des gardes du corps. Les femmes crièrent : « Vive le roi ! vivent messieurs les gardes du corps ! » Maillard, qui se contentait plus difficilement, insista pour renvoyer le régiment de Flandre.

Mounier, espérant alors pouvoir les congédier, dit que l’Assemblée n’avait rien négligé pour les subsistances, le roi non plus ; qu’on chercherait de nouveaux moyens, qu’ils pouvaient aller en paix. — Maillard ne bougeait, disant : « Non, cela ne suffit pas. »

Un député proposa alors d’aller présenter au roi la position malheureuse de Paris. L’Assemblée le décréta, et les femmes, se prenant vivement à cette espérance, sautaient au cou des députés, embrassaient le président, quoi qu’il fit. « Mais où donc