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PREMIÈRE PARTIE

SOUS LA PREMIÈRE RÉPUBLIQUE




NOS ARMÉES RÉPUBLICAINES


I

J’étais enfant en 1810, lorsqu’au jour de la fête de l’Empereur on laissa tomber les toiles qui cachaient le monument de la place Vendôme, et la colonne apparut. J’admirais avec tout le monde. Seulement, j’aurais voulu savoir les noms des hommes d’airain figurés aux bas-reliefs : « Et tous ceux, disais-je, qui montent autour de la colonne comment les appelle-t-on ? »

Ils montent, aveugles, intrépides, ils montent combattant toujours comme s’ils allaient pousser la bataille jusque dans le ciel. La spirale tout à coup s’arrête… Et tout ce peuple sans nom devient le marchepied d’un seul.

La même pensée m’est revenue souvent dans mes promenades rêveuses, aux Invalides et à l’Arc de