la leçon. Quelques mois plus tard, M. Michelet était destitué.
Songea-t-il à s’en plaindre pour lui-même, pour ses intérêts privés ? Il ne songea qu’à ses œuvres. La pensée de ce livre lui apparut pour la première fois.
Dans son Journal, qui fut toujours le plus intime confident de son esprit, il écrivait à cette même date :
« Ceci me semble providentiel. L’agitation polémique m’avait tiré hors de moi… Rentre en toi, et reprends force !
« La Révolution de 1848, si prodigieusement variée, avait dispersé ton attention sur le monde. Fixe-la d’abord sur l’ardent foyer d’où l’héroïsme révolutionnaire a jailli par toute l’Europe. Encore la France ; encore la Révolution, les hommes de 92…
« Et d’abord un simple, un saint, idéal de tant de héros inconnus qui ont suivi le devoir, non le bruit ; la vie et la mort du premier grenadier de la République, du Breton La Tour d’Auvergne… »
On eût dit que Michelet, prévoyant les funestes journées de Décembre, voulait les conjurer en rappelant à l’armée le souvenir de ces temps, encore si proches, où la cité fut l’armée, où l’armée fut la cité, c’est-à-dire « la patrie elle-même, combattant et mourant pour les lois ».
Le plan conçu par l’auteur était très vaste ; rien moins que la vie, le calendrier de tous les saints, de tous les martyrs, de tous les héros de la liberté. Comme on l’a très bien dit, ce livre « ouvrait une sorte de Panthéon à tout ce qui lutta et souffrit pour