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CATHERINE THÉOT, MÈRE DE DIEU

et quelque intérêt qu’on ait eu à la montrer telle, il y a deux points qui y découvrent l’essai d’une association grossière entre l’illuminisme chrétien, le mysticisme révolutionnaire et l’inauguration d’un gouvernement des prophètes.

« Le premier sceau de l’Évangile fut l’annonce du Verbe ; le second, la séparation des cultes ; le troisième, Révolution ; la quatrième, la mort des rois ; le cinquième, la réunion des peuples ; le sixième, le combat de l’ange exterminateur ; le septième, la résurrection des élus de la Mère de Dieu, et le bonheur général surveillé par les prophètes.

« Au jour de la résurrection, où sera la Mère de Dieu ? Sur son trône, entre ses prophètes, dans le Panthéon. »

L’espion Sénart, qui se fit initier pour les trahir et les arrêta, trouva, dit-il, chez la Mère une lettre écrite en son nom à Robespierre comme à son premier prophète, au fils de l’Être suprême, au Rédempteur, au Messie.

Les deux Gascons, Barère, Vadier, qui firent ensemble l’œuvre malicieuse du rapport que les Comités lançaient dans la Convention, y mirent (comme ingrédients dans la chaudière du Sabbat) des choses tout à fait étrangères ; je ne sais quel portrait, par exemple, du petit Capet, qu’on avait trouvé à Saint-Cloud. Cela donnait un prétexte de parler dans le rapport du royalisme, de restauration de la royauté. L’Assemblée, désorientée, ne savait d’abord que croire. Peu à peu, elle comprit. Sous le débit sombre et morne de Vadier, elle sentit le puissant comique de la facétie. La plaisanterie dans la bouche d’un