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LES FEMMES DE LA RÉVOLUTION

à la toise, décents comme Chabot quelques femmes ardentes en civisme et d’honorables membres de la Société fraternelle achevaient la composition d’un cercle qui ne me convenait guère, et dans lequel je ne retournai pas. À quelques mois de là, Roland fut appelé au ministère ; vingt-quatre heures étaient à peine écoulées depuis sa nomination que je vis arriver chez moi Mme Robert : « Ah ça voilà votre mari en place ; les patriotes doivent se servir réciproquement, j’espère que vous n’oublierez pas le mien. — Je serais, Madame, enchantée de vous être utile ; mais j’ignore ce que je pourrais pour cela, et certainement M. Roland ne négligera rien pour l’intérêt public, par l’emploi des personnes capables. » Quatre jours se passent ; Mme Robert revient me faire une visite du matin ; une autre visite encore peu de jours après, et toujours grande instance sur la nécessité de placer son mari, sur ses droits à l’obtenir par son patriotisme. J’appris à Mme Robert que le ministre de l’intérieur n’avait aucune espèce de places à sa nomination, autres que celles de ses bureaux ; qu’elles étaient toutes remplies ; que malgré l’utilité dont il pouvait être de changer quelques agents, il convenait à l’homme prudent d’étudier les choses et les personnes avant d’opérer des renouvellements, pour ne pas entraver la marche des affaires et qu’enfin, d’après ce qu’elle m’annonçait elle-même, sans doute que son mari ne voudrait pas d’une place de commis. « Véritablement Robert est fait pour mieux que cela. — Dans ce cas, le ministre de l’intérieur ne peut vous servir de rien. — Mais il faut qu’il parle à