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LES JÉSUITES


Le progrès des hommes de mort s’arrêtera, espérons-le… Le jour a lui dans le sépulcre… On sait, on va mieux savoir encore comment ces revenants ont cheminé dans la nuit…

Comment, pendant que nous dormions, ils avaient, à pas de loup, surpris les gens sans défense, les prêtres et les femmes, les maisons religieuses.

Il est à peine concevable combien de bonnes gens, de simples esprits, humbles frères, charitables sœurs, ont été ainsi abusés… Combien de couvents leur ont entr’ouvert la porte, trompés à cette voix doucereuse et maintenant ils y parlent ferme, et l’on a peur, et l’on sourit en tremblant, et l’on fait tout ce qu’ils disent.

Qu’on nous trouve une œuvre riche où ils n’aient aujourd’hui la principale influence, où ils ne fassent donner comme ils veulent, à qui ils veulent. Il a bien fallu dès lors que toute corporation pauvre (missionnaires, picpus, lazaristes, bénédictins même) allât prendre chez eux le mot d’ordre. Et maintenant tout cela est comme une grande armée que les jésuites mènent bravement à la conquête du siècle.

Chose étonnante, qu’en si peu de temps on ait réuni de telles forces ! Quelque haute opinion qu’on ait de l’habileté des jésuites, elle ne suffirait pas à expliquer un tel résultat. Il y a là une main mystérieuse… Celle qui, bien dirigée, dès le premier jour du monde, a docilement opéré les miracles de la ruse. Faible main, à laquelle rien ne résiste, la main de la femme. Les jésuites ont employé l’instrument dont parle saint