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138 LE PEUPLE Examinez bien ces foules spirituelles et corrom- pues de nos grandes villes qui occupent tant l’obser- vateur, écoutez leur langage, recueillez leurs saillies, souvent heureuses vous découvrirez une chose que personne n’a remarquée encore, c’est que ces gens qui parfois ne savent pas lire, n’en sont pas moins à leur manière des esprits très cultivés. Les hommes qui vivent ensemble, et se touchent toujours, se développent nécessairement au simple contact, et comme par l’effet de la chaleur naturelle. Ils se donnent une éducation, mauvaise si l’on veut, mais enfin une éducation. La vie seule d’une grande ville où, sans vouloir rien apprendre, on s’instruit à chaque instant, où, pour avoir connaissance de mille choses nouvelles, il suffit d’aller dans la rue, de marcher les yeux ouverts, cette vue, cette ville, sachez-le bien, c’est une école.’Ceux qui y vivent ne vivent nullement d’une vie instinctive et naturelle ce sont des hommes cultivés, qui observent bien ou mal, et bien ou mal réfléchissent. Je les vois souvent très subtils et d’une subtilité mauvaise. Les effets d’une culture raffinée ne sont là que trop visibles. Si vous voulez trouver dans le monde quelque chose de contraire à la nature, de directement opposé à tous les instincts de l’enfance, regardez cette créa- ture artificielle qu’on nomme le gamin de Paris’. Plus artificiel encore, le dernier né du Diable, l’af- 1. C’estunemerveilledu caractèrenational,quecetenfantabandonné, provoqué au malet surexcitéde toutefaçon,conserve quelquesqualités, l’esprit,lecourage.