Page:Michelet - OC, La Montagne, L’Insecte.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VIII

Suite. – Pyrénées


La mer et la montagne ont là toutes leurs illusions. Rien de plus imaginatif que les hommes de ce rivage, amants de l’impossible, chercheurs acharnés du péril, aux abîmes des monts, aux sombres mers des pôles. Ils pouvaient les courir sans en trouver de pire que la leur, sa Côte des fous. Les monts secondaires qui s’y dressent, tel fantasquement découpé, tel demi-ruiné, pendant et menaçant, ont des airs chimériques. Au pied, les grandes landes, peuplées la nuit de visions, étaient au Moyen-âge les temples du Sabbat. Des sommets ruineux à la furieuse mer, trônait le Prince des vents, l’esprit de trouble et de tempêtes, promettant des trésors et grand maître en mensonges. Parmi ses sorcières, les plus folles du monde étaient les sorcières basques, dangereuses, charmantes (dit Lancre) sous leurs cheveux ébouriffés, quand, par un prestige infernal, à travers le brun sombre se jouait l’or du soleil.