Page:Michelet - OC, La Montagne, L’Insecte.djvu/287

Cette page n’a pas encore été corrigée

fort humide ; il préférait rester dans la chambre, dans une température meilleure qui le séchait, le réchauffait dehors, il était quatre heures ; dedans, c’était déjà midi. Il agissait précisément comme j’eusse fait, et ne sortait point. Je voulus lui donner du temps je laissai la fenêtre ouverte, et me recouchai. Mais nul moyen de reposer. La fraîcheur du dehors entrant, lui aussi il entrait plus avant et voletait par la chambre. Cet hôte obstiné, importun, me donna un peu d’humeur. Je me levai, décidé à l’expulser de vive force. Un mouchoir était mon arme, mais je m’en servais sans doute assez maladroitement ; je l’étourdis, je l’effrayai ; il tourbillonnait de vertige, et de moins en moins songeait à sortir. Mon impatience croissait j’y allai plus fort, et trop fort sans doute. Il tomba sur l’appui de la fenêtre, et ne se releva plus. Était-il mort ou étourdi Je ne fermai point, pensant que, dans ce cas, l’air pourrait le raviver et qu’il s’en irait. Je me recouchai cependant, assez mécontent. Au total, c’était sa faute pourquoi ne s’en allait-il pas ? ce fut la première raison que je me donnai. Puis, en réfléchissant, je devins plus sévère pour moi ; j’accusai mon impatience. Telle est la tyrannie de l’homme il ne peut rien supporter. Ce roi de la création, comme tous les rois, est violent ; à la moindre contradiction, il s’emporte, il éclate, il tue. La matinée était très belle, fraîche et pourtant peu à peu déjà presque chaude. Heureux mélange de température, propre à ce très doux pays et à ce moment de l’année ; c’était juin et en Normandie. Le caractère propre à ce mois et qui le distingue tout à fait de ceux qui suivront, c’est que les espèces innocentes, celles