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II

Dans les fort longues lectures de naturalistes et de voyageurs qui nous préparèrent l’Oiseau, et pour lesquelles il ne fallait pas moins que la patience d’une femme solitaire, nous recueillions sur la route nombre de faits, de détails, qui nous faisaient voir l’insecte sous l’aspect le plus varié. L’insecte, à côté de l’oiseau, nous apparaissait sans cesse, ici comme une harmonie, là comme un antagonisme, mais trop souvent de profil et comme être subordonné. J’étais en plein seizième siècle, et, pendant trois ans environ de forte préoccupation historique, tout ceci ne m’arrivait que par les extraits, les lectures, les conversations de chaque soir. Je recevais les éléments divers de cette grande étude par ’intermédiaire d’une âme éminemment tendre aux choses de la nature et généreusement portée à l’amour des plus petits. Cet amour patient et fidèle, étendant indéfiniment la curiosité, ramassait, si je puis dire, par un procédé de fourmi, comme autant de grains de sable, les matériaux qui se trouvent bien moins dans les grands ouvrages que dans une infinité de mémoires, de dissertations ispersées. Aimer longtemps, infatigablement, toujours, c’est ce qui rend les faibles forts. Il ne faut pas moins que cette persévérance de goût et d’affection, dès qu’on veut sortir des lectures et entrer dans l’observation,