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Oh quel changement étrange, étonnant et barbare il disait aimer tant, et il n’a pas même de pitié ! il ne voit pas sur son visage (ce qui arrive souvent), c’est qu’à force d’émotions, elle est réellement très malade. Dès l’arrivée, elle avait tant de difficulté à respirer ! Puis, a monté, de proche en proche, le flux nerveux, et quelquefois jusqu’à un état de tempête qui épouvante. Quelquefois encore, c’est bien pis, les nausées viennent ; la plus sobre est bouleversée de fond en comble. Sa situation est horrible, son anxiété excessive.

Pitié ! pitié pour elle ! soyez bon, soyez tendre… Comprenez donc un peu, soignez-la, et rassurez-la. Qu’elle sache bien que vous n’êtes pas un ennemi, au contraire un ami et le plus dévoué, qui lui appartient tout entier. Soyez discret, habile, respectueux, intelligent de sa situation. Et rassurez-la tout à fait.

Il faut lui dire ceci :

« Je suis à toi, je suis toi-même. Je souffre en toi… Prends-moi, comme ta mère et ta nourrice. Remets-toi bien à moi… Tu es ma femme et tu es mon enfant. »


Moment bien précieux, où celui qui se fait mère et garde-malade réparera les torts de l’amant. L’esprit calmé calme le corps, et la tempête nerveuse s’apaisant peu à peu, la bonne nature, la docilité féminine, parlent pour vous ; elle souffre et craint de vous voir rester triste. Que si elle ne peut se remettre, si elle est encore trop peureuse, elle vous