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L’AMOUR

alcoolique et narcotique. Supposons que, par malheur, un tel homme se reproduise, il aura d’une femme plus souffrante encore un enfant plus énervé. Vienne plutôt la mort pour remède et guérison radicale.


On a senti parfaitement dés le commencement du siècle que la question de l’amour était la question essentielle, qui se débat sous les bases mêmes de la société. Où il est fixe et puissant, tout est fort, solide et fécond.

Les illustres utopistes qui, sur tant d’autres sujets (sur l’éducation, par exemple), ont jeté de vives lueurs, n’ont pas été si heureux sur le sujet de l’amour. Ils y ont montré, j’ose dire, peu d’indépendance d'esprit. Leurs théories, hardies de forme, n’en sont pas moins pour le fond serves du fait, calquées timidement sur les mœurs du temps. Ils trouvaient la polygamie, et ils y ont obéi, en faisant pour l’avenir des utopies polygamiques.

Sans grande recherche morale, ils auraient pu, pour trouver la vraie loi en cette matière, consulter simplement l’histoire et l’histoire naturelle.

Dans l’histoire, les races d’hommes sont fortes, au physique et au moral, précisément en raison de la vie monogamique.

Dans l’histoire naturelle, les animaux supérieurs tendent à la vie de mariage et l’atteignent au moins pour un temps. Et c’est en grande partie pour cela qu’ils sont supérieurs.

On dit que l’amour chez les animaux est changeant et variable, que la mobilité dans le plaisir est pour