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irritant celui à qui la personne est livrée, elles la mettront en péril. Idée sotte de constituer une guerre préalable dans le mariage et de croire que la loi puisse intervenir à toute heure de nuit, de jour, et veiller au lit même entre eux : contre celui qui possède la femme par la fatalité de cohabitation et qui peut lui imposer le travail, le péril de la maternité, rien, rien n’est réservé. Nulle autre garantie que l’amour.

La cérémonie, la solennité, la publicité, sans nul doute sont excellentes. Mais le fond de la chose, c’est l’âme. Comme le disent les jurisconsultes romains « Mariage, c’est consentement », l’acte de la volonté, de la liberté qui se donne. Donation mutuelle des cœurs, mais sacrifice surtout de la plus faible, qui, se remettant au plus fort, âme et corps, ne réservant rien, livre tout, risque tout aux chances de l’avenir.

Contrat bien inégal ! Ni la loi de l’Église, ni la loi de l’État, n’ont essayé sérieusement d’y modifier la nature. L’une et l’autre en réalité y sont très contraires à la femme.

L’Église est nettement contre elle et lui garde rancune du péché d’Ève. Elle la tient pour la tentation incarnée et l’intime amie du démon. Elle souffre le mariage en préférant le célibat, comme vie de pureté, car impure est la femme. Cette doctrine est si profondément celle du Moyen-âge, que ceux qui veulent en renouveler l’esprit soutiennent contre la chimie (Voy. Éclaircissements), que justement, dans sa crise sacrée, le sang de la femme est