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LA FEMME

lie du jour, le résidu amer du non-succès. Toi, tu es soutenu par l’agitation du combat, la nécessité de l’effort, ou l’espoir de mieux faire demain ; mais, elle, cette pauvre âme de femme, si tendre à ce qui vient de toi, elle recevrait bien autrement le coup, elle en garderait la blessure, en languirait longtemps. Sois jeune et fort pour deux ; rentre sérieux si la situation est sérieuse, mais jamais triste. Épargne, épargne ton enfant.

Ce qui la soutiendra le plus, c’est que tout bonnement tu l’associes à ton métier. Cela est praticable dans beaucoup de carrières. On restreint beaucoup trop le cercle de celles où peut entrer la femme. Plusieurs sans doute lui sont plus difficiles. Il lui faut de l’effort, du temps et de la volonté. Nul temps mieux employé. Quel admirable compagnon, quel utile associé ! Combien les choses y gagnent, combien le cœur, le bonheur domestique ! Être un, c’est la vraie force, le repos et la liberté.

Elle veut travailler avec toi. Eh bien, prends-la au mot, n’y mets pas les ménagements de la petite galanterie, mais l’amour fort, profond. Sache qu’à ce premier moment, elle est très capable d’effort, d’application suivie, qu’elle fera tout pour être aimée. J’en citerai les plus nobles exemples, et les plus. surprenants.


Chacun, selon son art, selon le génie de la femme, peut se communiquer, mais tous le doivent plus ou moins. L’artiste ne doit pas, absorbé du côté technique, du détail spécial, de l’effort minutieux de