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choses et la méchanceté des hommes ont frappé sur lui. Il a souffert, il a baissé, il revient moins homme. Mais il trouve en sa maison un infini de bontés, une sérénité si grande, qu’il doute presque des cruelles réalités qu’il a subies tout le jour : « Oui, tout cela n’était pas. Ce n’était qu’un mauvais songe. Et tout le réel c’est toi ! »

Voilà la mission de la femme (plus que la génération même), c’est de refaire le cœur de l’homme. Protégée, nourrie par lui, elle le nourrit d’amour.

L’amour, c’est son travail propre, et le seul qui lui soit essentiel. C’est pour l’y réserver toute que la nature l’a faite si peu capable des labeurs inférieurs de la terre.

L’affaire de l’homme est de gagner, et la sienne de dépenser ;

C’est-à-dire de régler et de faire la dépense mieux que l’homme ne le ferait ;

C’est-à-dire de lui rendre indifférente et insipide toute dépense de plaisir. Pourquoi en chercher ailleurs ? Quel plaisir, hors la femme aimée ?

« La femme, c’est la maison », dit sagement la loi indienne. Et mieux encore le poète indien : « La femme, c’est la Fortune. »

L’expérience de l’Occident nous permet d’ajouter un mot « Et surtout la femme pauvre. »

Elle n’a rien, et apporte tout.