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Eh bien, toi qui as le bonheur d’élever et de nourrir ces deux arbres du paradis, la jeune femme qui vit en toi, et son enfant, qui est toi, — songe bien que, pour qu’elle vive, qu’elle fleurisse et alimente le cher petit de bon lait, il faut lui assurer d’abord l’aliment des aliments, l’air vital. Quel malheur serait-ce, quelle triste contradiction, de la mettre, ta pure, ta chaste et charmante femme, dans la dangereuse atmosphère qui flétrirait son corps, son âme ? Non, ce n’est pas impunément qu’une personne délicate, impressionnable et pénétrable recevra le fâcheux mélange de cent choses viciées, vicieuses, qui montent de la rue à elle, le souffle des esprits immondes, le pêle-mêle de fumées, d’émanations mauvaises et de mauvais rêves qui plane sur nos sombres cités

Il faut faire un sacrifice, mon ami, et à tout prix, les mettre où ils puissent vivre. S’il se peut, sors de la ville. — Tu verras moins tes amis ? Ils feront bien un pas de plus, si ce sont de vrais amis. — Tu iras peu au théâtre ? On en désire moins les plaisirs (agitants et énervants), quand on a à son foyer l’amour, ses joies rajeunissantes, sa Divine Comédie. — Tu perdras moins de temps le soir, à traîner dans les saluons, à jaser. En récompense, le matin, frais, reposé, tout ce que tu n’auras pas dépensé en vaines paroles, tu le mettras en travail, en œuvres solides de résultats durables qui ne s’envoleront pas.


Je veux un jardin, non un parc un petit jardin. L’homme ne croît pas aisément hors de ses harmonies végétales. Toutes les légendes d’Orient commencent