Page:Michelet - OC, L’Amour, La Femme.djvu/397

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soupente qui servait d’atelier, lieu fortement imprégné des vapeurs du charbon, et qui d’ailleurs devait le matin être libre pour le travail. Quelque souffrante qu’elle fût, elle ne pouvait rester au lit, même un jour. De bonne heure, les ouvrières arrivaient, se moquaient « de la paresseuse, fainéante et propre à rien ».

Au 1er mars, elle fut plus mal, eut un peu de fièvre, un peu de toux. Ce n’eût été rien si elle avait eu un chez soi. Mais, ne l’ayant pas, il lui fallut laisser sa petite fille à la bonté de la maîtresse et aller à l’hôpital.

Elle entra dans un de nos grands vieux hôpitaux où il y avait en ce moment beaucoup de fièvres typhoïdes. Le très habile médecin qui l’y reçut prévit sans peine que sa petite fièvre prendrait ce caractère. Mais il espéra l’atténuer. On lui demanda si sa santé, en général, était bonne. Elle dit modestement Oui, dissimulant la grave lésion intérieure, et redoutant un pénible examen.

Dans l’immensité de ces salles qui réunissent tant de souffrances, où l’on voit agoniser, mourir à côté de soi, la tristesse ajoute souvent à la maladie. Les parents sont admis à certains jours. Mais combien n’ont pas de parents ! combien meurent seuls ! Celleci fut visitée par la. charitable maîtresse, qui, pourtant, voyant plusieurs malades de la fièvre typhoïde, prit peur, et ne revint plus.

L’aération nécessaire se fait encore, comme autrefois, par de vastes fenêtres, de grands courants d’air. On s’occupe sérieusement d’établir un meilleur système. Ces courants frappent des malades peu