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Chez les femmes vulgaires, qui visiblement avaient eu des métiers grossiers, le cerveau était fort simple de forme, comme à l’état rudimentaire. Elles m’auraient exposé à la grave erreur de croire que la femme en général est, dans ce centre essentiel de l’organisme, inférieure à l’homme. Heureusement d’autres cerveaux féminins me détrompèrent, spécialement celui d’une femme qui, sous un rapport pathologique offrant un cas singulier, obligea M. Béraud à connaître et sa maladie et ses précédents. J’eus donc ici ce qui me manquait pour ces autres morts, l’histoire de la vie, de la destinée.

Cette singularité infiniment rare, c’était un calcul considérable trouvé dans la matrice. Cet organe généralement si altéré aujourd’hui, mais peut-être jamais à ce point, révélait là un état bien extraordinaire. Qu’au sanctuaire de la vie génératrice et de la fécondité on trouvât ce cruel dessèchement, cette atrophie désespérée, une Arabie, si j’ose dire, un caillou... que l’infortunée se fût comme changée en pierre... cela me jeta dans une mer de sombres pensées.

Cependant les autres organes n’en étaient pas altérés autant qu’on aurait pu croire. La tête était fort expressive. Si le cerveau n’était pas large, fort, puissant, comme celui de quelques hommes que j’avais pu observer, il était aussi varié, aussi riche de volutes. Petites volutes accidentées, historiées d’un détail infini, - naguère meublées, on le sentait, d’une foule d’idées, de nuances délicates, d’un monde de rêves de femme. Tout cela parlait. Et, comme j’avais eu sous les yeux, le moment d’aupa-