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l’enfant est utilement éclairée par celle de l’adulte. Me voilà donc, sous ses auspices, lancé dans l’anatomie que je ne connaissais jusque-là que par les planches.

Admirable étude, qui, indépendamment de tant d’utilités pratiques, est au fond toute une morale. Elle trempe le caractère. On n’est homme que par le ferme regard dont on envisage la vie et la mort. Et, ce qui n’est pas moins vrai, quoique moins connu, elle humanise le cœur, non d’un attendrissement de femme, mais en nous éclairant sur une foule de ménagements naturels qu’on doit à l’humanité. Un éminent anatomiste me disait : « C’est un supplice pour moi de voir une porteuse d’eau sous le poids de seaux qui l’accablent et qui lui scient les épaules. Si l’on savait combien chez la femme ces muscles sont délicats, combien les nerfs du mouvement sont faibles, et au contraire si développés ceux de la sensibilité ! »

Mon impression fut analogue, lorsque, ayant vu l’organisme qui fait de l’enfant un être fatalement mobile, à qui la nature impose un changement continuel, je pensai à l’enfer d’immobilité que lui inflige l’école. D’autant plus je me rattachai à la bonne méthode allemande (ateliers et jardins d’enfants), où on leur demande justement ce que veut la nature, le mouvement, en développant chez eux l’activité créatrice qui est le vrai génie de l’homme.

Tant qu’on n’a pas vu, touché les réalités, on hésite sur tout cela, on discute, on perd le temps à écouter les bavards. Disséquez. En un moment vous comprendriez, sentirez tout. C’est la mort surtout qui