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la dépendance individuelle, et de s’adresser à tous, de prendre un seul protecteur, le public, et de croire qu’elle pourra vivre du fruit de sa pensée. Que les femmes pourraient ici nous faire de révélations Une seule a conté cette histoire dans un roman très fort, dont le défaut est d’être court, de sorte que les situations n’arrivent pas à tout leur effet. Ce livre, une Fausse position, a paru il y a quinze ans et disparu aussitôt. C’est l’itinéraire exact, le livre de route d’une pauvre femme de lettres, le relevé des péages, octrois, taxes de barrières, droits d’entrée, etc., qu’on exige d’elle pour lui permettre quelques pas ; l’aigreur, l’irritation que sa résistance lui crée tout autour, de sorte que tous l’environnent d’obstacles, que dis-je ? d’obstacles meurtriers.

Avez-vous vu en Provence des enfants ameutés contre un insecte qu’ils croient dangereux ? Ils disposent autour de lui des pailles ou des brins secs, puis allument... De quelque côté que la pauvre créature s’élance, elle trouve la flamme, se brûle cruellement, retombe ; et cela plusieurs fois ; elle essaye toujours d’un courage obstiné, toujours en vain. Elle ne peut passer le cercle de feu.


C’est la même chose au théâtre. La femme énergique et belle, qui se sent de la force au cœur, se dit « Par la littérature, il me faut subir les intermédiaires qui disposent de l’opinion. Sur la scène, je suis en personne par-devant mon juge, le public, je plaide moi-même pour moi. Je n’ai pas besoin