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l’estomac, la jeune victime. Visiblement, elle s’acharnait à absorber le plus possible. Elle y employait les jours et les nuits, même les moments de repos que l’omnibus lui offrait entre ses courses et ses leçons données aux deux bouts de Paris. Cette pensée inexorable la suivait. Elle n’avait garde de lever les yeux, la terreur de l’examen pesait trop. On ne sait pas combien elles sont peureuses. J’en ai vu qui, plusieurs semaines d’avance, ne se couchaient plus, ne respiraient plus, ne faisaient plus que pleurer.

Il faut avoir compassion.

Notez que, dans l’état actuel de nos mœurs, je suis très grand partisan de ces examens qui facilitent une existence un peu plus libre, au total honorable. Je ne demande pas qu’on les simplifie, qu’on resserre le champ des études qui sont demandées. J’y voudrais pourtant une autre méthode ; en histoire par exemple, un petite nombre de grands faits capiteux, mais circonstanciés, détaillés et non des tables de matières. Je soumets cette réflexion à mes savants collègues et amis, qui sont juges de ces examens.

Je voudrais encore qu’on ménageât davantage la timidité, que les examens fussent publics, mais pour les dames seulement, qu’on n’admît d’hommes’ tout au plus que les parents des demoiselles. Il est dur de leur faire subir cette épreuve devant un public curieux (comme cela arrive dans certaines villes). Il faudrait aussi laisser à chacune le choix du jour de l’examen. Pour plusieurs, l’épreuve est terrible, et, sans cette précaution, peut les mettre en danger de mort.