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s’enferme, si, le dimanche, ses jeunes et bruyants voisins font entre eux, comme il arrive, ce qu’on appelle un repas de garçons !


Examinons cette maison.

Elle demeure au quatrième, et elle fait si peu de bruit que le locataire du troisième avait cru quelque temps n’avoir personne au-dessus de lui. Il n’est guère moins malheureux qu’elle. C’est un monsieur que sa santé délicate, et un peu d’aisance, ont dispensé de rien faire. Sans être vieux, il a déjà les habitudes prudentes d’un homme toujours occupé de se conserver lui-même. Un piano qui l’éveille un peu plus tôt qu’il ne voudrait a révélé-la solitaire. Puis, une fois, il a entrevu sur l’escalier une aimable figure de femme un peu pâle, de svelte élégance, il est devenu curieux. Rien de plus aisé. Les concierges ne sont pas muets, et sa vie est si transparentel Moins les moments où elle donne ses leçons, elle est toujours chez elle, toujours à étudier. Elle prépare des examens, aimant mieux être gouvernante, avoir l’abri d’une famille. Enfin, on en dit tant de bien que le monsieur devient rêveur. « Ah ! si je n’étais pas pauvre ! dit-il. Il est bien agréable d’avoir la société d’une jolie femme à vous, qui comprend tout, vous dispense de traîner vos soirées au spectacle ou au café. Mais quand on n’a, comme moi, que dix mille livres de rente,.on ne peut pas se marier. »

Il calcule alors, suppute son budget, mais en faisant le double compte qu’ils font en pareil cas, réunissant les dépenses probables de l’homme marié et celles du