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n’eut jamais, qu’aucun temps n’aurait compris avant cet âge de fer, et qui balancerait à lui seul tous nos prétendus progrès.

Ici arrive la bande serrée des économistes, des docteurs du produit net. « Mais, monsieur, les hautes nécessités économiques, sociales I L’industrie, gênée, s’arrêterait... Au nom même des classes pauvres ! etc., etc. »

La haute nécessité, c’est d’être. Et visiblement, l’on périt. La population n’augmente plus, et elle baisse en qualité. La paysanne meurt de travail, l’ouvrière de faim. Quels enfants faut-il en attendre ? Des avortons, de plus en plus.

« Mais un peuple ne périt pas » Plusieurs peuples, de ceux même qui figurent encore sur la carte, n’existent plus. La haute Écosse a disparu. L’Irlande n’est plus comme race. La riche, l’absorbante Angleterre, ce suceur prodigieux qui suce le globe, ne parvient pas à se refaire par la plus énorme alimentation. La race y change, y faiblit, fait appel aux alcools, et elle faiblit encore plus. Ceux qui la virent en 1815 ne la reconnurent plus en 1830. Et combien moins depuis !

Que peut l’État à cela ? Bien moins là-bas, en Angleterre, où la vie industrielle engloutit tout, la terre même n’étant qu’une fabrique. Mais infiniment en France, où nous comptons encore si peu d’ouvriers (relativement).

Que de choses ne se pouvaient pas, qui se sont faites pourtant Onne pouvait abolir la loterie Louis-Philippe l’a abolie. On eût juré qu’il était impossible de démolir Paris pour le refaire ; cela s’exécute