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II


L’OUVRIÈRE


Quand les fabricants anglais, énormément enrichis par les machines récentes, vinrent se plaindre à M. Pitt et dirent « Nous n’en pouvons plus, nous ne gagnons pas assez » il dit un mot effroyable qui pèse sur sa mémoire « Prenez les enfants. »

Combien plus coupables encore ceux qui prirent les femmes, ceux qui ouvrirent à la misère de la fille des villes, à l’aveuglement de la paysanne, la ressource funeste d’un travail exterminateur et la promiscuité des manufactures ! Qui dit la femme, dit l’enfant ; en chacune d’elles qu’on détruit, une famille est détruite, plusieurs enfants ; et l’espoir des générations à venir.

Barbarie de notre Occident ! la femme n’a plus été comptée pour l’amour, le bonheur de l’homme, encore moins comme maternité et comme puissance de race ;

Mais comme ouvrière !

L’ouvrière ! mot impie, sordide, qu’aucune langue