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« change pas. C’est comme un phare à éclipse, à feux tournants ; elle montre, elle cache la flamme, mais le foyer est le même. — Quel foyer ? L’esprit voltairien (bien antérieur à Voltaire) ; en second lieu, 89, les grandes lois de la Révolution ; troisièmement, les canons de votre pape scientifique, « l’Académie des sciences. »

« Je disputai. Il insista, et je vois qu’il avait raison. Oui, quelles que soient les questions nouvelles, 89 est la foi de ceux mêmes qui ajournent 89 et le renvoient à l’avenir. C’est la foi de toute la France, c’est la raison pour laquelle l’étranger nous condamne en masse et sans distinction de partis.

« Eh bien, les filles de France sont élevées justement à haïr et dédaigner ce que tout Français aime et croit. Par deux fois elles ont embrassé, haché, tué la Révolution premièrement au seizième siècle, quand il s’agissait de la liberté de conscience ; puis à la fin du dix-huitième, pour les libertés politiques. Elles sont vouées au passé, sans trop savoir ce que c’est. Elles écoutent volontiers ceux qui disent avec Pascal « Rien n’est sûr ; donc, croyons l’absurde. » Les femmes sont riches en France, elles ont beaucoup d’esprit, et tous les moyens d’apprendre. Mais elles ne veulent rien apprendre, ni se créer une foi. Qu’elles rencontrent l’homme de foi sérieuse, l’homme de cœur, qui croit et aime toutes les vérités constatées, elles disent en souriant : « Ce monsieur ne croit à rien. »


Il y eut un moment de silence. Cette sortie, un