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L’AMOUR

fatigue, ont fait baisser l’homme, la femme, sobre et sérieuse, vrai génie de la maison, est aimée de lui comme mère. Elle le soigne, elle prévoit ; il se repose sur elle et souvent se permet d’être quelque peu enfant, sentant qu’il possède en elle une si bonne nourrice et une providence visible.

Voilà à quoi se réduit, chez les petites gens, cette grande et terrible question de la supériorité d’un sexe sur l’autre, question si irritante, dès qu’il s’agit des gens comme il faut. C’est surtout une question d’âge. Vous la verrez résolue, le lendemain de la noce, au profit de l’homme, quand la femme est petite fille, résolue au profit de la femme plus tard. Quand, le samedi soir, l’homme apporte son salaire, elle fait la part de la semaine (la nourriture des enfants), elle laisse à son mari l’argent de ses menus plaisirs. Et elle n’oublie qu’elle-même.


Si l’amour n’est qu’une crise, on peut aussi définir la Loire une inondation.

Mais songez donc que ce fleuve, dans son cours de deux cents lieues, dans son action si multiple, si variée, comme grande route, comme irrigation des cultures, comme rafraîchissement de l’air, etc., influe de mille et mille manières. C’est lui faire tort que de le prendre uniquement par ce côté violent que vous trouvez plus dramatique. Laissons ce drame accidentel, qui réellement est secondaire. Prenons-le plutôt dans l’épopée régulière de sa grande vie de fleuve, dans ses influences salutaires et fécondes, qui ne sont pas moins poétiques.