Page:Michelet - OC, L’Amour, La Femme.djvu/11

Cette page n’a pas encore été corrigée
8
L’AMOUR

De nos jours, on est revenu avec force sur les questions de l’amour. Des écrivains de génie, tel dans des romans immortels, tel sous forme théorique, éloquente, âpre et austère, les ont puissamment agitées. Pour des raisons qu’on comprendra, je m’abstiens d’examiner leurs livres ; nos dissentiments paraîtront assez par le mien. Je me permettrai seulement de dire, malgré mon admiration et mon respect sympathique, que ni d’un côté ni de l’autre on n’a pénétré assez au fond du sujet.

Ses deux faces, l’une physiologique, l’autre de pratique morale, sont restées encore obscures. La discussion continue sans qu’on sache, ou qu’on daigne remarquer qu’elle porte sur plus d’un point où l’autorité suprême, celle des faits, a prononcé, tranché sans retour.

L’objet de l’amour, la femme en son mystère essentiel, longtemps ignoré, méconnu, a été révélé par une suite de découvertes, de 1827 à 1847. Nous connaissons cet être sacré, qui, justement en ce que le Moyen-âge taxait d’impureté, se trouve en réalité le saint des saints de la nature.

La variation légitime de la femme a été connue. Et non moins sa fixité, ce qui fait le caractère, fatalement durable, de l’union et du mariage.

Comment parler de l’amour, sans dire un mot de tout cela ?

Une autre chose essentielle, c’est que l’amour n’est pas, comme ils le disent, ou le font entendre, une crise, un drame en un acte. Si ce n’était que cela,